22 mars 2021

Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA

 

 

Le vrai prix des bonnes choses, c’est dans nos fermes que ça se passe !

 

Le Salon international de l’agriculture est chaque année la vitrine du monde agricole. C’est un temps où, pendant dix jours, tous les regards se tournent sur le monde paysan, un moment pour tisser du lien avec nos concitoyens, un passage obligé au cul des vaches pour les politiques, surtout quand ils sont en campagne ! Le Salon n’a malheureusement pas pu se tenir en raison de la crise sanitaire. Il est évidemment désolant que nous ayons été privés de cette formidable tribune et du contact direct avec les consommateurs. En ce début mars, traditionnelle période de salon, les médias se sont toutefois largement emparés de sujets agricoles… mais bien souvent à grands renforts de clichés et de contrevérités sur notre métier : Martine à la ferme sans pesticides n’est jamais très loin, ni Perrette et son pot au lait pour arpenter les marchés !

 

La grande distribution n’a pas non plus lésiné sur les moyens pour s’acheter auprès du consommateur une image de chevalier blanc des agriculteurs. Chers consommateurs, ne soyez pas inquiets, grâce à nous, grande distribution, Martine et Perrette sont heureuses dans leurs champs !

 

Dans une vaste campagne presse, Lidl se flatte de « mettre au premier plan » les agriculteurs avec ses contrats tripartites et d’organiser « une collecte pour les soutenir dont les fonds seront reversés au Service de Remplacement » afin de les « aider à prendre des congés ». Quant à Carrefour, l’enseigne continue de promouvoir ses filières qualité avec le lancement récent d’un lait UHT demi-écrémé filière qualité qui s’accompagne d’une meilleure rémunération pour les éleveurs partenaires. Oui mais voilà, à 390 euros les 1 000 litres (hors primes), cela ne concerne que 326 éleveurs ! Dis-nous, Carrefour, qu’en est-il des 61 000 et quelques producteurs restants ? Dans nos fermes, sur nos factures, nous avons la preuve que notre prix de base est bien loin des 390 euros. Pour la prise en compte des coûts de production, on repassera évidemment… Le gouvernement se targue d’une série de contrôles de la répression des fraudes sur l’application de la loi Egalim, les premières sanctions se font clairement attendre ! En attendant, le cartel du lait n’est pas prêt de tomber et nous ne sommes bons qu’à attendre un hypothétique ruissellement à toutes petites gouttes !

 

Il est choquant et surtout inacceptable que distributeurs et industriels profitent de notre image à moindre coût pour faire leur propre promotion ou pour mettre à bas notre travail quand ça les arrange. Nous, agriculteurs, sommes les mieux placés pour parler directement auprès des consommateurs des réalités de nos fermes, comme l’augmentation du coût des matières premières que nous subissons de plein fouet depuis plusieurs mois.

 

Les clichés, les contrevérités, les manipulations, l’opportunisme, ça suffit ! Relevons le challenge d’une communication positive et vraie sur nos métiers. Influençons les réseaux sociaux par des actions fédératrices et porteuses de messages auprès des politiques et des consommateurs, et les médias n’auront d’autre choix que de les relayer ! La FDSEA s’appuiera sur son réseau pour construire une communication en accord avec les attentes et préoccupations de ses adhérents. Tour de France, portes ouvertes, visites d’entreprises… nous t’invitons à nous relayer toutes les initiatives mises en place ou que tu souhaiterais mettre en place sur ta commune ou sur ton canton afin de valoriser celles-ci ! Le vrai prix des bonnes choses, c’est dans nos fermes que ça se passe !