8 mars 2022

Edito de Jean-Alain Divanac’h, Président de la FDSEA

 

 

 

 

 

La guerre en Ukraine s’est imposée au monde avec violence et brutalité. La paix que nous croyions et espérions acquise en Europe se révèle d’une fragilité inouïe. Nos exploitations agricoles, déjà malmenées par la crise du COVID,  se trouvent désormais au cœur d’un conflit qui nous dépasse totalement, mais aux conséquences immédiates et majeures. L’explosion des coûts de production que nous connaissons depuis ces derniers mois va encore s’amplifier, menaçant très clairement nos capacités de production. Au-delà même du seul prix des matières premières nécessaires à nos exploitations agricoles – gaz, blé, intrants…, ce sont bien des pénuries qui s’annoncent. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si, dans nos exploitations, nous allons être en capacité de produire en quantité suffisante. Tout comme la paix, la production agricole et la sécurité alimentaire ne sont pas des biens acquis.

 

Depuis des années, les décisions des dirigeants politiques français et européens pour l’agriculture sont guidées par un populisme vert aux conséquences dévastatrices pour nos exploitations ; la décroissance ne fait pas une vision stratégique. L’absence de stock alimentaire en Europe en est malheureusement la preuve concrète. Sans attendre, il est urgent de remettre sur pied une politique agricole à même de réaliser l’objectif vital de fournir une alimentation en quantité et en qualité. Il n’est pas encore trop tard pour semer et pour mettre en culture ! Encore faudrait-il du courage politique pour assumer de desserrer l’étau des contraintes sur les exploitations agricoles, d’assurer une juste prise en compte de nos coûts de production et de sortir de politiques de la décroissance qui font partie d’un ancien monde ! Ce serait de la folie de poursuivre dans des logiques politiques de diminution des rendements et de l’efficacité de production de l’agriculture. La FDSEA tire la sonnette d’alarme auprès des citoyens et des élus politiques : n’attendez pas que l’agriculture bretonne, qui est le garde-manger de la France, soit ruinée pour réagir ! N’attendez pas que les étals soient vides pour prendre conscience que l’agriculture fait partie des intérêts stratégiques de la France !

 

Les déstabilisations géopolitiques russes peuvent mettre l’Europe à genou, entre la guerre, les cyberattaques, les menaces sanitaires et alimentaires… Si les militaires font la guerre, les paysans font la paix ! C’est le sens historique de la politique agricole commune. L’export de nos productions fait aussi partie intégrante de la stabilité de notre continent.

 

Pour la FDSEA, cesser de pénaliser l’agriculture et libérer son potentiel de production sont des urgences absolues. La FDSEA en appelle à la responsabilité de tous les élus politiques, actuels et futurs ! Il y a quelques semaines, le Conseil d’administration de la FDSEA a décidé d’intituler son rapport d’orientation qui sera présenté en Assemblée générale le 15 mars prochain : « Sauvons la puissance de production de l’agriculture finistérienne ». Est-ce un tort d’avoir raison trop tôt ?