20 juillet 2020

Edito de Jean-Alain Divanac’h, Président de la FDSEA

 

 

Les agriculteurs, premiers écologistes de France !

 

8 villes de plus de 100 000 habitants. 8 nouveaux maires « écologistes ». Il n’en fallait pas plus pour que les médias fassent leurs gros titres sur une « déferlante verte » ou sur le « péril vert » contraignant nécessairement à un « verdissement » des politiques publiques. Les citadins applaudissent. Dans les campagnes, loin des métropoles, les « écolos » sont loin d’avoir fait un tabac. Nous, agriculteurs, redoutons déjà de subir une nouvelle salve de contraintes « vertes » imposées par nos amis citadins. L’amertume est grande dans nos exploitations. Vite oublié que les agriculteurs n’ont pas failli durant toute la période du confinement pour assurer l’approvisionnement alimentaire de nos concitoyens citadins. Le fait est pourtant là : s’il y avait eu plus de cas de COVID-19 dans l’ouest, et particulièrement en Bretagne, la France n’aurait pas eu à manger.

Ce scrutin des municipales montre combien le fossé se creuse entre les métropoles et la campagne. Dans les villes, « l’écologie » est reçue comme un savoir, comme un dogme, comme une croyance, comme une religion. L’écologie des villes est manichéenne : il y aurait d’un côté les gentils agriculteurs bio, locaux, qui produisent des légumes sans glyphosate (eh oui on en est là !!!) et auprès desquels les citadins viennent évidemment s’approvisionner toutes les semaines ; de l’autre côté, il y aurait les méchants agriculteurs productivistes de l’agrobusiness. Cette vision caricaturale à souhait de l’agriculture est pourtant un point d’ancrage pour orienter les politiques publiques, pour faire de l’agribashing et pour taxer la FNSEA de syndicats « des gros et des pollueurs » – quand les insultes ne sont pas pires.

Cette vision sans nuances de l’agriculture et de nos exploitations familiales ne doit pas nous conduire à considérer l’environnement comme un sujet tabou ou repoussoir. Affirmons ce que nous sommes : des écologistes, au sens premier et concret du terme. L’évolution de nos pratiques s’appuie sur la science et sur la connaissance, pas sur les dogmes de l’écologie politique. A moins que les citadins ne répondent présents à des opérations binettes ou désherbage manuel ? Considérer la campagne française comme un potager ou une ferme urbaine relève de l’escroquerie intellectuelle, ou plutôt de l’ « escrologie » !

Oui, nous sommes les premiers écologistes de France, car nous travaillons avec la nature et avec du vivant. Tout comme le bâtiment pour produire des maisons passives, comme le secteur automobile pour produire des voitures électriques, comme la banque pour des investissements durables, nos pratiques et nos modes de production évoluent au gré des évolutions technologiques. L’industrie et les services n’ont pas le monopole de la technologie.

Nos exploitations, quelles que soient leurs tailles, sont des entreprises qui n’échappent pas à la nécessité de résultats économiques pour les besoins des hommes, des engagements financiers et des projets ! Pour la FDSEA du Finistère, la problématique environnementale est une composante entière dans l’évolution des pratiques et des outils, encore faut-il, que l’état nous donne, avec de la visibilité réglementaire, de puissants leviers de financement et de compétitivité. A ces conditions, il y a certainement bien plus d’écologistes dans la campagne que dans les métropoles !