13 septembre 2021

Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA

 

 

La montée en gamme à l’épreuve des marchés

 

Les Etats généraux de l’alimentation sonnaient comme un bel idéal d’une meilleure rémunération pour les agriculteurs français, en contrepartie de la création de valeur répondant aux attentes sociétales. Bio, HVE, bien-être animal, alimentation sans OGM, sans pesticides, sans antibiotiques, accès au pâturage …, les agriculteurs ont pris ces fameuses « attentes sociétales » à bras le corps, en s’engageant dans des évolutions structurelles sur leurs exploitations, nécessitant des investissements importants.

Dès les premiers débats sur les Egalim, la FDSEA n’a eu de cesse de mettre en garde contre les fausses bonnes idées de la montée en gamme, érigée en véritable dogme par les politiques et en leitmotiv pour imposer des transitions sur les exploitations.

Près de trois ans après le vote de la loi Egalim, le dogme de la montée en gamme est rattrapé par la réalité des marchés et des achats du consommateur.

La montée en gamme des productions, enclenchée à marche forcée par les pouvoirs publics en orientant les modes de production des exploitations agricoles, a aujourd’hui pour effet de déconnecter nos productions des marchés ! Faute de répondre aux demandes du consommateur français, les produits d’importation qui ne respectent pas nos standards prennent la place des produits français ! Il faut être réaliste, le consommateur français arbitre majoritairement ses achats alimentaires en fonction du prix !

Les politiques publiques, prises sous la pression d’associations militantes qui font feu de tout bois des demandes sociétales, nous ont emmenés droit dans le mur. Que ce soit en lait, en porc, en volaille, en légume ou en céréales : toutes les productions font les frais d’injonctions simplistes, déconnectées de la réalité des marchés. La baisse du prix du lait biologique, qui n’est pas en adéquation avec l’offre, est un véritable cas d’école ; et les pertes sont aujourd’hui assumées par tous les producteurs sous signe officiel de qualité ou non !

Qui sont les premières victimes de l’idéologie des demandes sociétales et des injonctions simplistes des politiques ? Les agriculteurs ! Non seulement il n’y a aucun retour sur le prix, mais les agriculteurs se retrouvent en plus exposés à des risques accrus, notamment climatiques, mais aussi sanitaires et commerciaux.

Oui, l’alimentation reste un marché concurrentiel, où chaque segment doit trouver son débouché et des consommateurs qui acceptent de payer le juste prix pour le producteur.

La montée en gamme, menée aveuglément par les élus politiques, est ni plus ni moins une menace pour la sécurité alimentaire française et européenne. Une étude de la Commission européenne parue cet été montre que les stratégies biodiversité et de la fourche à la fourchette entraîneront une baisse sans précédent de la production agricole de l’Europe et du revenu des agriculteurs ! Non, la transition idéologique ne nourrira personne ! Notre agriculture doit revenir à ses objectifs fondamentaux : produire une alimentation en quantité et en qualité. Les décisions politiques qui affaiblissent nos productions nous obligent d’autant plus à nous organiser et à défendre l’intérêt collectif, avec des décisions démocratiques, assumées par tous. C’est le combat de la FDSEA ! A défaut, il y aura beaucoup de déçus.