Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA
Les injonctions contradictoires piègent les agriculteurs !
Des élus politiques, des institutions, des associations, des militants n’ont qu’un unique leitmotiv quand il s’agit d’agriculture : la transition. Pour nous, agriculteurs, c’est surtout un concept nébuleux destiné à orienter nos choix et à nous imposer des contraintes. Depuis toujours, nous sommes en transition, ou plutôt en perpétuelle évolution pour répondre aux besoins alimentaires de la société. Dans nos exploitations, nous faisons tous les efforts possibles pour bien faire notre métier et pour améliorer nos pratiques ; et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes systématiquement rattrapés par des contingences idéologiques et commerciales, qui vont contre l’intérêt à la fois des agriculteurs et des consommateurs. Distributeurs, industriels et militants en tout genre racontent des mensonges aux consommateurs. Mais peu importe, pourvu que les produits se vendent !
Peu importe aussi que nous soyons pris au piège d’injonctions contradictoires ! Le ministère de l’Environnement nous somme de réduire les gaz à effet de serre. Soit, mais nous voilà rattrapés par le col de la cotte de travail par le ministère de l’Agriculture sur le sanitaire ! Chacun campe sur ses positions, et l’agriculteur reste au milieu du gué à tenter une synthèse impossible. L’idéologie, le dogmatisme, le militantisme, le mensonge, le populisme vert sont autant d’impasses pour l’avenir de notre métier. Nous sommes prêts à écouter les demandes du consommateur et à discuter avec des associations, mais le temps de mise en œuvre sur nos exploitations sera toujours long et coûteux. Par leur acte d’achat et leur consentement à payer, les consommateurs ont une partie des clés pour soutenir nos productions locales et ne pas ouvrir la porte aux importations. Il est indispensable de rappeler combien l’agriculture participe à l’équilibre économique de la Bretagne.
La diversité de productions et de systèmes d’exploitation est la clé de voûte de la dynamique agricole finistérienne et de sa résistance aux turbulences du marché. L’agriculture finistérienne doit rester un kaléidoscope dans lequel il est primordial de gérer les équilibres entre toutes les productions, conventionnelles, bio et circuits courts. Ce n’est pas en poussant l’un de ces systèmes à l’extrême que l’agriculture bretonne tirera son épingle du jeu ! Des collectivités mettent sous perfusion des systèmes d’exploitation qui relèvent davantage d’un folklore périurbain que d’agriculture, pour assouvir l’idéologie de soi-disant demandes sociétales. A la FDSEA, nous défendons une agriculture rémunératrice, condition indispensable aux évolutions de nos exploitations pour répondre aux demandes de l’ensemble des marchés et des consommateurs. Comme pour n’importe quelle entreprise, les trajectoires de progrès se construisent dans un équilibre qui garantit aussi la pérennité et la compétitivité des exploitations agricoles. Chacun d’entre nous doit pouvoir faire ses propres choix, sur la gestion de son entreprise, sur la valorisation de ses productions, sur son système d’exploitation ou sur son mode de production. Il est du rôle de la FDSEA d’accompagner les transitions entrepreneuriales des exploitations agricoles. Repasser de producteur – fournisseur à chef d’entreprise à l’esprit commerçant, c’est une véritable transition !
Nous avons toujours répondu présents et nous n’avons jamais fait défaut pour garantir à nos concitoyens une alimentation en quantité et en qualité. Malgré les critiques et la malveillance de certaines organisations militantes, nous serons encore là demain pour répondre à tous les marchés et offrir du « bien manger local ». A la condition de garder la main sur nos évolutions ; car non, la transition idéologique ne nourrira personne ! Tel est le titre du rapport d’orientation 2021 de la FDSEA, que nous sommes bien décidés à porter haut et fort dans les semaines et mois à venir !