7 juin 2023

La filière élevage encore une fois clouée au pilori

Édito par Jean-Alain Divanac’h

Les actualités récentes ont de quoi nous laisser sans voix, entre la Cour des comptes qui préconise de réduire drastiquement le cheptel bovin en France pour atténuer les émissions de CO2, et dans le même temps, Bruno Le Maire – qui a semble-t-il oublié qu’il a un jour été ministre de l’Agriculture – qui va inaugurer la plus grande usine de « viande végétale » en opposant frontalement protéines animales et protéines végétales, jetant ainsi l’opprobre sur tous les élevages qui se retrouvent véritablement diabolisés.

Malheureusement, ces dernières actualités ne font que s’inscrire dans le contexte ambiant de rejet de l’agriculture et en particulier de l’élevage. Assez ! Nous ne pouvons supporter ces attaques de responsables politiques qui ne savent plus qu’inventer pour faire le buzz médiatique. À ce rythme, il n’y aura bientôt plus d’élevage en France. Et pour autant, les Français mangeront-ils moins de viande ? Non, ils mangeront de la viande importée, venue tout droit de pays aux conditions de production très laxistes, bien loin de nos normes de qualité et de traçabilité. Et alors là, bonjour le bilan carbone !

Entre incohérences et contradictions, rien ne va plus chez nos dirigeants. La question de la réindustrialisation de la France en est symptomatique : on veut booster l’économie française, mais en même temps on met à terre ce qui fonctionne, à savoir notre excellence agricole ! De même, on nous dit de réduire le cheptel bovin, mais aussi d’augmenter les pâtures pour capter le carbone… À trop vouloir prôner le « en même temps », plus rien n’a de sens !

Les agriculteurs sont souvent accusés d’être des destructeurs de l’environnement, alors qu’ils en sont les premiers protecteurs. Que de travail nous fournissons pour l’entretien des paysages et la préservation de la biodiversité ! Il s’agit d’un travail non productif qui est peu valorisé, et pourtant indispensable. L’environnement est au cœur de notre métier. Pourtant, nous devons faire face à toujours plus de contraintes dans ce domaine, que ce soit en France, mais aussi au niveau européen. La PAC en est l’illustration – à l’origine incitative, elle est aujourd’hui uniquement contraignante. Il s’agit d’une politique agricole commune qui s’éloigne en réalité de son objectif premier de soutien à l’économie agricole ! La PAC n’est aujourd’hui plus qu’environnementale. Alors quelle place pour la production ? Sacrifiée sur l’autel de la décarbonation !

La machine de la décroissance verte est en marche, et elle ne fait pas de cadeau aux agriculteurs ! À nous de montrer que notre voix compte et que les décisions prises aujourd’hui en France comme en Europe sont totalement invraisemblables et déconnectées de notre réalité agricole !