Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA
Encore plus forts ensemble !
Dans nos exploitations, nous subissons tous les effets délétères de la hausse des charges. Les productions agricoles souffraient déjà d’être prises en étau entre l’amont et l’aval. Aujourd’hui, c’est l’asphyxie. Au-delà du travail de fond, du lobbying et de la communication, menés de front par la FDSEA, le terrain joue un rôle majeur. Les actions menées à la mi-novembre, sous forme de mise en garde à l’égard de l’industrie agroalimentaire – coopératives comme industriels privés, de la grande distribution, de la RHF, mais aussi de l’Etat, ont toujours la vertu de susciter l’intérêt de la presse. Cela démontre ô combien il est indispensable de conserver un réseau local dense, dynamique et réactif.
Les responsables locaux de la FDSEA, dans les cantons et dans les communes, sont un rouage essentiel du fonctionnement de notre syndicat. C’est bien souvent sur eux que repose la responsabilité de la mobilisation, idéalement avec l’appui d’une équipe, mais parfois ils restent biens solitaires ! En tant qu’adhérent, doit-on forcément attendre que le responsable local prenne des initiatives pour mener des actions ? N’est-ce pas aussi aux adhérents d’initier des actions en étant force de proposition auprès des responsables locaux ? Imaginons de surcroît le découragement de certains responsables qui, malgré toute leur bonne volonté, se heurtent à la résignation de leurs collègues, à un terrain désabusé et à l’absence de toute velléité de se battre. Comment se sentir légitime dans de telles conditions ? Les fonctions professionnelles n’ont de sens que si elles sont partagées entre tous !
Bien sûr, il y a l’effet COVID et le syndrome de la cabane ! Mais la pandémie que nous subissons depuis près de deux ans n’a fait qu’accentuer une tendance à s’isoler, à ne plus vouloir s’engager, à se contenter d’actions individuelles, ou à considérer que l’action collective n’existe plus. Le monde agricole, pourtant ancré dans une culture du collectif, est loin d’être seul concerné. Dans la société, nombreux sont désormais ceux qui ne bougent plus, qui ne s’expriment plus, qui ne votent plus. Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) offrent aux citoyens la solitude sur un plateau, avec de pseudo choix de consommation, d’information et d’interactivité virtuelle dictés par la puissance de leurs logarithmes et la collecte insatiable de nos données. La manipulation de la société à l’œuvre est un véritable scandale !
Notre capacité collective à échanger et à entretenir notre libre arbitre est fondamentale. Cette nécessité devrait en elle-même redonner de la vitalité aux organisations collectives et économiques que la profession a eu besoin de développer. Celles-ci sont bien souvent critiquées, mais peu sont prêts à s’engager pour se défendre. Qui, seul, peut se défendre contre un Bigard, un LDC, un Kermené, un Leclerc, un groupe coopératif ou encore l’administration ? Sans capacité de mobilisation collective, les producteurs sont « hors d’état de nuire ». Alors, rien que pour démentir, sortons de nos champs et de nos fermes. Ensemble, mobilisons-nous !