Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA
Dans les années 60, c’est grâce aux actions de formation entreprises par le syndicalisme que des responsables économiques ont été formés, et qu’ont été bâties nos organisations professionnelles pilotées par des agriculteurs élus. Le lien entre le syndicalisme et les organisations économiques était plus alors plus qu’évident : il fallait par exemple être adhérent FD pour adhérer à la SICA Saint-Pol. La culture du collectif, insufflée par la FDSEA, a présidé à la création et au développement de nos organisations économiques. Nos aînés n’ont pas fait « du collectif » pour le plaisir, mais dans l’objectif très concret de ne plus être soumis aux maquignons ou négociants et d’assurer la pérennité des productions agricoles dans le Finistère. La question du lien entre élus syndicaux et économiques, pour une défense collective des intérêts des paysans ne se posait pas, puisque tous avaient une même culture syndicale. Plus qu’une culture d’ailleurs, le syndicalisme était conçu, et admis par tous, comme un pilier de la formation des futurs responsables économiques.
La FDSEA n’a jamais cessé d’affirmer l’enjeu de la formation des agriculteurs, au service de leurs propres projets d’exploitation, mais aussi des stratégies collectives dans le domaine économique. Seule notre FDSEA a cette capacité à rassembler les agriculteurs quels que soient leur production, leur organisation économique et leurs débouchés ; mais aussi de donner de la hauteur, et d’amener un esprit critique au service de projets structurants, innovants et ambitieux pour les producteurs.
Aujourd’hui, la culture syndicale et collective manque cruellement dans certaines coops. En cette période d’examens, la FDSEA pourrait distribuer les « zéro » : direction la repêche, en passant par la case FDSEA ! On va nous rétorquer que les administrateurs des coops ont un haut niveau de formation en matière de gestion financière : soit, ces compétences sont importantes. Mais le rôle d’administrateur de coop n’est pas de gérer la structure – il y a pour cela des directeurs administratifs et financiers, mais bien d’apporter, et d’imposer, une vision stratégique pour vendre au mieux la production des adhérents. Et cela nécessite aussi d’avoir conscience de l’importance de l’action collective, qui peut obliger à dépasser les stratégies individuelles. Les formations « maison » de certaines organisations économiques peuvent vite dériver, en plaçant les administrateurs dans « une culture de la docilité », qui les coupe du collectif et de l’objectif de la défense des adhérents. Nos organisations économiques n’ont pas été créées pour niveler par le bas la défense des agriculteurs ! Les leaders, quels qu’ils soient, portent d’autant plus de responsabilité dans la défense de nos outils collectifs.
Les Conseils d’administration des coopératives se renouvellent, captent des jeunes volontaires, mais sans culture syndicale et collective. Des présidents de coops n’hésitent pas à porter, dans leur conseil d’administration, l’importance de passer par la case syndicale avant de prendre des responsabilités économiques.
Il est impératif de remettre du lien entre syndicalisme et économique, et que FDSEA et JA redeviennent une « école de formation » pour les futurs responsables économiques. Le fait de passer par le syndicalisme donne aux futurs responsables une histoire et des valeurs communes, une ambition qui dépasse les seuls intérêts d’une structure. L’émulation collective qui naît des échanges entre agriculteurs d’horizons divers est une richesse. Notre rôle de syndicat reste d’avoir un rôle d’impulsion auprès des organisations économiques, chacun dans son rôle, mais dans l’objectif commun d’une défense de l’organisation collective au service des intérêts des agriculteurs.