Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA
Littéralement prises en étau entre les coûts de leur approvisionnement et les prix d’achat, les exploitations restent, toujours et encore, la variable d’ajustement des bonnes marges de l’aval et du pouvoir d’achat du consommateur. En lait, la situation est particulièrement tendue. Bon nombre de producteurs doivent aussi faire face à une charge de travail colossale, mais n’ont pas les moyens de recruter… et ce pour autant qu’ils trouvent de la main d’œuvre disponible !
Que certains agriculteurs-sociétaires osent pointer du doigt le manque de performance et de transparence de leurs outils coopératifs, la réponse ne se fait pas attendre : il y a des problèmes économiques sur les exploitations ? Ce n’est sûrement pas en raison du prix, mais de la faute des agriculteurs qui ne maîtrisent pas leurs charges ! Facile de se poser en donneur de leçon ! Pour la FDSEA, oui les coops ont un rôle essentiel à jouer dans la performance économique de nos exploitations. Elles en sont le prolongement, pour la vente et pour l’appro : mais, qu’elles assument pleinement cette mission au lieu de rejeter la faute sur leurs sociétaires ! Il est de leur rôle d’aller chercher toujours plus de performance et de valorisation, a fortiori dans un contexte d’envolée des coûts de production et de prix de vente qui ne reflètent pas toujours le marché ! Pour la FDSEA, il est inacceptable que certaines coops participent à une spirale de prix moins disant, qui n’est rien d’autre qu’un cartel. Les avantages fiscaux des coops se justifient, à condition qu’elles agissent dans l’intérêt de leurs membres.
Pour la FDSEA, il est du rôle des coopératives d’assumer leur statut et de prendre à bras le corps la problématique de la hausse des charges. A moins qu’elles n’attendent que la FDSEA remette en place des opérations d’achats groupés, voire même des groupements d’achats genre coopérative ? Tout est possible ! Si les coops de notre territoire ne veulent pas endosser une part de responsabilité dans le déclin des productions, elles n’ont d’autre choix que de se recentrer sur leurs adhérents et de se battre pour eux.
Nos organisations économiques ont des leviers pour agir ! A commencer par les cahiers des charges qui, toujours plus nombreux, génèrent des investissements dans les exploitations, des changements de pratiques parfois coûteux, y compris en charge de travail. Autant de contraintes qui se transforment en surcoûts sur les exploitations, dans la transformation, sans trouver de contrepartie économique. Bien souvent, les cahiers des charges ne sont « que » des accès au marché. Nos concurrents ne s’embarrassent pas d’autant de contraintes ! Trop facile d’accuser les agriculteurs de se mettre les boulets aux pieds !
Si collectivement, nous producteurs, avions la main, nous pourrions dire stop aux différenciations qui tirent irrémédiablement vers le bas la compétitivité de nos exploitations. Nous attendons de nos coops et groupements qu’ils jouent la cohésion pour stopper le flot de cahiers des charges, qui relèvent plus d’une course à l’échalote avec pour seules victimes, les agriculteurs coopérateurs ! Nous attendons aussi que nos organisations économiques reviennent à leurs fondements sur l’appro. Gare au désarroi et à la colère qui gagnent du terrain dans la campagne : c’est l’affaire de tous !