12 mai 2021

Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA

 

 

L’agriculture intensive et le hors sol : une chance pour l’économie Bretonne !

 

Productiviste, industrielle et intensive à outrance : voilà les qualificatifs réducteurs et mensongers dont certains ne cessent d’affubler notre agriculture bretonne, loin de la réalité de nos exploitations familiales et de nos méthodes de production.

Par dogmatisme ou bien-pensance, beaucoup d’élus politiques ne veulent pas entendre cette tout autre réalité : le développement de l’élevage et des cultures spécialisées en Bretagne a permis de conserver un tissu agricole dense et de créer de la richesse sur notre territoire excentré, à la pointe de l’Europe. Notre agriculture, dans toutes ses formes et évolutions permanentes, est une chance extraordinaire pour la Bretagne ! Oui, l’agriculture intensive et le hors sol sont sources de richesses durables pour notre région : n’ayons pas peur de l’affirmer haut et fort !

La petite musique lancinante de la vente directe, du bio et du vegan est à présent érigée en modèle absolu du « bien manger » ; comme si nos productions destinées aux sites de transformation industrielle de notre territoire étaient synonymes de « malbouffe »… Dangereux amalgame entre qualité, produits locaux et vente directe ! Sandrine Le Feur n’a décidément honte de rien quand elle affirme que, pour la FNSEA, « il faut produire de la nourriture industrielle pour les plus pauvres. ». A la FDSEA, nous entendons bien marteler que le « bien manger local » est incarné par le Manger Français et par les nombreuses marques de notre territoire, notamment coopératives.

Les thèses de la décroissance s’instillent à tous les niveaux, d’abord sous le prétexte de l’écologie, puis du bien-être animal et maintenant du « bien manger ». Profitant d’un rapport sur les algues vertes, des débats sur le projet de loi climat, d’une pollution accidentelle, les élus politiques enfoncent le clou sur la nécessité du « changement de modèle agricole breton ». Pour concrétiser cette vision idéologique, ces mêmes élus ou candidats réclament des moyens financiers, avec le budget de la PAC en ligne de mire pour la région Bretagne. La volonté politique d’orienter nos exploitations agricoles, avec tous les moyens à disposition par le biais des politiques publiques, est en train de prendre corps. Notre avenir risque bien de nous échapper, et ce d’autant que les industriels de notre territoire n’ont aucunement l’intention de jouer collectif avec les agriculteurs. Ils ont juste besoin de niches de production d’exception pour faire leur promotion, se garantissant pour le reste une matière première de qualité toujours meilleure à bas prix. Nos exploitations ne vont pas résister longtemps, prises en étau entre deux idéologies : le changement de « modèle » agricole breton » et le « pouvoir d’achat du consommateur ». Loin de leur statut de chef d’entreprise, les agriculteurs sont considérés comme de simples variables d’ajustement.

Jusqu’à quand allons-nous résister à toutes les attaques en règle contre notre métier ? La préservation de nos productions locales est aujourd’hui menacée, et certaines sont d’ores et déjà en déclin au bénéfice d’importations à bas prix.  A la FDSEA, nous refusons de voir la Bretagne devenir une zone intermédiaire appauvrie, sans densité agricole et agroalimentaire, alors même que nous avons tous les atouts sur notre territoire : le climat, le sol, les paysages, le tissu industriel. Surtout, nous avons encore des agriculteurs fiers, courageux et motivés !

L’agriculture est un des moteurs de l’attractivité, du dynamisme et du bien-vivre en Bretagne, que l’exode urbain actuel ne dément pas, loin s’en faut. Si demain le moteur agricole s’arrête, il sera trop tard pour la Bretagne. Ne laissons pas croire que tout va bien !