26 février 2021

Edito de Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA

 

 

Construisons syndicalement notre avenir !

 

La crise sanitaire, qui bouleverse la planète depuis un an, prouve que la science, avec une recherche toujours plus innovante, est rapidement en capacité d’apporter une solution à l’une des pires pandémies. Mais notre pays, celui de Pasteur, ne brille bientôt plus que de son Histoire et se fait peur avec son ombre. La remise en cause du fait scientifique par des atermoiements sur les médicaments miracles, les masques, les vaccins, nous la vivons déjà depuis longtemps en agriculture au travers de l’exagération de la dangerosité du glyphosate, des fauchages d’essais de culture OGM par exemple.  A coup de débats d’opinions et autres conventions citoyennes, la profession agricole ne cesse de subir les résultats dévastateurs d’orientations politiques reposant non pas sur des réalités mais sur des discours anxiogènes portés par des militants qui n’ont ni les compétences, ni la connaissance du sujet.

 

La FDSEA ne cesse de marteler que les politiques publiques doivent accompagner nos projets d’entreprises, et non les orienter à marche forcée vers un modèle empreint d’idéologie, très loin de la réalité de nos marchés. En cédant aux sirènes populistes du tout bio, de la montée en gamme, du tout circuits courts, nos politiques abandonnent des filières qui ne correspondent, plus soi-disant, aux goûts et besoins des consommateurs. Cette dictature exercée par des lobbies qui font de la France leur laboratoire d’expériences, nous mènera droit dans le mur. Cela doit cesser ! Nous sommes contraints de mettre en œuvre dans nos exploitations de nouvelles règles environnementales, sanitaires ou sociétales, mises à toutes les sauces, alors que les exigences économiques demeurent, elles, inappliquées voire bafouées. La loi Egalim en est l’illustration la plus criante.

 

Ironie du sort, alors que les élections régionales approchent à grands pas, Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, a rappelé dans ses propos que « la Bretagne est maillée d’exploitations agricoles à taille humaine avec des familles, qui sont propriétaires de leurs exploitations ». Dans nos exploitations à capitaux familiaux, notre travail et nos investissements devraient donc être dignement rémunérés par des prix à la hauteur de nos coûts de production. C’est le modèle souhaité, mais la réalité est ailleurs ! Ici et là des remparts cèdent. Faute de rentabilité et par découragement, nos exploitations bretonnes glissent inévitablement vers un recours à des capitaux extérieurs. En faisant rentrer le loup dans la bergerie, nous serons bientôt réduits à un simple rôle de sous-traitants de ces nouveaux donneurs d’ordre, qu’ils soient industriels ou coopératives de l’amont ou de l’aval, pourquoi pas même étrangers ! Demain, quelle capacité auront les jeunes pour s’installer ou même reprendre un élevage si nous ne détenons plus nos capitaux d’exploitation ? Quelle perspective reste-t-il aux agriculteurs, si ce n’est des contraintes et aucune liberté ? Que ce soit d’un point de vue économique, politique ou sociétal, le statut de chef d’entreprise agricole doit être respecté et reconnu en tant que tel : NON, nous ne sommes pas des sous-traitants, NON, nous ne voulons pas être de simples prestataires de services !

 

Dans ce contexte sanitaire particulier, depuis le mois de mars dernier, la FDSEA reste entièrement mobilisée pour défendre les intérêts de ses adhérents et réagir contre toutes les atteintes à notre métier et son exercice ! Une adhésion nombreuse à notre réseau confortera notre liberté de parole et notre capacité d’action collective ; c’est cette adhésion qui contribue à l‘élaboration et l’affirmation d’un message syndical fort et d’une défense collective efficace mais aussi de solutions individuelles au service des agriculteurs. Défendons ensemble et construisons syndicalement notre avenir !