10 février 2020

Edito de Jean-Alain Divanac’h, Président de la FDSEA

Fausses prédictions dramatiques et vrais enjeux économiques

 

De la crêpe au steak, quelle est la relation avec la fin du monde ? Rien de très évident a priori. Sauf à se rappeler la publication, en 1972, du rapport du Club de Rome qui a développé la doctrine de la décroissance. Simulations numériques et modélisations à l’appui, ce rapport prédisait la fin du monde en 2030 sous la pression de la croissance démographique, agricole et industrielle. Aujourd’hui encore, les tenants de la collapsologie, dont Yves Cochet, ancien Ministre de l’environnement, nous annoncent la fin du monde dans 10 ans ! L’irrationnel apocalyptique peut-il prendre le dessus sur tout argument scientifique ? Les militants extrémistes qui veulent la fin de l’élevage, et imposer par le véganisme un changement de civilisation, sont persuadés que, demain, le monde va s’effondrer. Aujourd’hui, de jeunes « écologistes » (vegans évidemment) ne veulent pas d’enfants parce que « ça pollue » ! Ils considèrent qu’avoir un enfant, c’est ajouter un consommateur. La prolifération de telles idéologies est une menace pour l’humanité même. La lutte contre l’agribashing revêt des enjeux de civilisation considérables.

 

Les enjeux sont aussi très clairement économiques. Beyond Meat, la start up américaine que le monde agricole avait déjà identifiée comme financeur des activistes L214, a lancé fin janvier ses « viandes » de synthèse : steaks, burgers, saucisses… Depuis 2009, deux milliards d’euros ont été investis dans la recherche autour de la « viande » de synthèse. Loin d’être un « simple » produit végétal, la « viande sans viande » de Beyond Meat est surtout un produit industriel hyper transformé, avec additifs et graisses saturées. La loi bannit désormais les mots steaks, lait et fromage pour la nourriture vegan : il est urgent de la faire appliquer !

 

Cette conquête du marché français par les acteurs de l’alimentation de synthèse ne pouvait se faire sans avoir au préalable mis en place des mécanismes destinés à déstabiliser l’élevage français. Des industriels français du fromage profitent de la brèche pour s’engouffrer dans le marché du végétal, au détriment évidemment du lait. Des acteurs de la grande distribution s’allient avec des ONG militantes de la cause animale pour étiqueter le « niveau de bien-être animal ». Pour la chandeleur, des militants de L214 ont distribué à Quimper des « crêpes » sans beurre, sans œufs, ni lait ! Pire qu’un outrage à nos biligs, c’est un changement de civilisation inacceptable… et la volonté de tuer à petit feu nos productions.

 

Les actions des militants écologistes extrémistes placent encore plus le consommateur et le citoyen français dans les griffes d’industriels planétaires, et de puissances étrangères ! Elles ont en plus des répercussions sur le monde réel, à commencer sur nos productions agricoles. Peu importe le mode de production, le type de production, la taille de l’exploitation, tous les agriculteurs et toutes les agricultures sont menacées. Il est irresponsable pour les pouvoirs publics, à tous les niveaux, de faire écho ou de s’appuyer sur ce militantisme extrémiste. La souveraineté économique et alimentaire de notre pays est en jeu !