3 mai 2019

Edito régional TerrA par Jean-Alain Divanac’h – Sous-traitants de nos coopératives ?

C’est la volonté d’arbitrer les pratiques de négociation des privés, ou autres courtiers, pour qui le bénéfice de l’agriculteur n’était pas le premier souci, que les coopératives ont été construites. Quand, comme aujourd’hui trop souvent, ce sont les privés qui arbitrent les coopératives, c’est qu’elles ne jouent plus leur rôle ! Au lieu de se comporter en leaders, nos grandes coopératives, telles que Sodiaal ou Cooperl, donnent aux acteurs économiques privés « le LA » de la dévalorisation de nos productions : quel pain bénit que ce nivellement par le bas des prix agricoles provoqué par des coopératives d’agriculteurs ! On peut toujours arguer du fait que les marchés sont européens – et cela nul ne le conteste, il n’en reste pas moins que nos coopératives sont bien à la peine pour faire mieux qu’écouler nos productions.

Les Etats Généraux de l’Alimentation (EGAlim) ont beau être passés par là, nos coopératives se sentent bien loin de l’exigence d’une meilleure rémunération de leurs adhérents. A l’initiative de la FNPL, les sections lait des quatre FDSEA bretonnes ont lancé une action auprès des adhérents de Sodiaal pour exiger une modification de l’ordre du jour de l’Assemblée générale du 19 juin prochain. L’objectif est de provoquer un vrai débat en Assemblée générale sur les modifications imposées par la loi EGAlim, et sur la stratégie de Sodiaal au service de ses sociétaires. La force des coops, c’est la production des adhérents – sociétaires. Ils méritent la transparence, et le juste retour financier de leurs parts sociales. L’action menée par les FDSEA bretonnes est une occasion de montrer que le contrôle de la coopérative appartient aux sociétaires et qu’ils en sont les décisionnaires !

Dans la droite ligne des EGAlim, une ordonnance vient d’être publiée, avec l’objectif d’améliorer la gouvernance des coopératives et de renforcer leur transparence, notamment sur la rémunération des associés coopérateurs et sur les résultats des filiales. Les coopératives se sont farouchement opposées à cette ordonnance, comme s’il suffisait d’être une coopérative, pour prétendre agir dans l’intérêt de ses adhérents coopérateurs ! La remise en question permet de progresser, de rester jeune, agile… et attirante !

La coopérative doit « réenchanter » ses adhérents par son rôle positif et différenciant sur la valorisation des produits de l’exploitation, mais aussi par la motivation des agriculteurs à s’engager dans la vie et les projets de l’outil collectif. La FDSEA du Finistère ne souhaite pas voir les agriculteurs sous-traitants de leur coopérative. Elle est prête à prendre sa part pour que l’investissement des agriculteurs dans la valorisation de leurs produits soit un challenge collectif, et dans toutes les formes d’organisation : coopératives, Organisations de Producteurs, circuits courts.

Jean-Alain Divanach

Président de la FDSEA du Finistère