12 avril 2019

Edito de Thierry Merret « Agriculteurs et acteurs de la ruralité unis contre les attaques anti-spécistes »

Attaques contre l’élevage, attaques contre les abattoirs, attaques contre les boucheries, attaques contre les restaurants de viande : serions-nous entrés dans le règne absolu de l’anti-spécisme ? La montée en puissance de l’anti-spécisme dans notre société se nourrit de la propagation de fausses informations. C’est scandaleux qu’un animateur d’une chaîne publique use de son audience pour diffuser des mensonges sur l’élevage : non, Nagui, l’élevage ne pollue pas plus que les transports !

On peut s’inquiéter de l’embrigadement de la jeunesse, qui ne sait pas que ce sont des lobbies étrangers qui veulent mettre à mal l’élevage français et notre gastronomie. Il semble bien loin le temps où Jacques Chirac, alors Président de la République, affirmait haut et fort son goût pour la tête de veau. Les citoyens français se réjouissaient alors de l’amour du Président pour le terroir et la ruralité. Aujourd’hui, la mode serait plutôt aux manifestations vegan devant le palais de l’Elysée !

Qu’on se le dise, les agriculteurs en ont ras le bol. RAS LE BOL des mensonges, des attaques, des montages vidéos, des intrusions dans leur entreprise, des soi-disant personnalités donneuses de leçons mais qui n’y connaissent rien. Lorsque Juliette Binoche – signataire de la pétition pour un lundi sans viande, voyage en avion pour ses films, elle affirme voir les dommages de l’agriculture sur la planète ! Et la pollution des transports, chère Juliette, vous la voyez ?

Imaginons un instant (un tout petit instant) que nous revenions aux bœufs et aux chevaux pour le travail du sol : les associations anti-spécistes nous accuseraient purement et simplement de martyriser les animaux ! D’ailleurs, en Inde, où les vaches sont sacrées, elles errent à présent dans les villes faute d’abattoirs, ces derniers ayant été interdits par les nationalistes hindous. A Paris, où les rats pullulent et sont un véritable fléau, une association milite contre leur « massacre » !

Les agriculteurs sont loin d’être les seuls à être las de subir les attaques des anti-spécistes. Les acteurs de la ruralité s’inquiètent aussi. Certains ont même décidé, en bons irréductibles Bretons, de contre attaquer ! Plus de 3000 personnes se sont réunies à Paimpont le 30 mars dernier pour défendre la ruralité et ses traditions. Il y avait des agriculteurs, des chasseurs, des pêcheurs, des restaurateurs, des bouchers, des poissonniers, des paysagistes, et leurs familles. Tous étaient présents pour dire leur ras le bol des attaques des vegans et des anti-spécistes, et pour refuser de se voir imposer un diktat.

Que serait le terroir français sans toutes ses spécialités ? Sans le kig ha farz et la galette saucisse, sans le cassoulet, sans le bœuf bourguignon, sans la poule au pot, sans le foie gras, sans le cochon grillé… La ruralité se vit de l’intérieur, dans les terres, dans la campagne, dans les tripes. Certainement pas du haut d’un avion à picorer des graines de soja. Chacun est libre de manger ce qu’il veut… et de défendre son bifteck, à condition de respecter le choix de l’autre.

Nous, agricultrices et agriculteurs, nous ne nous en sortirons pas seuls. Par contre, tous les véritables acteurs de la ruralité ont le devoir de faire entendre leur voix. La ruralité n’a pas encore dit son dernier mot !